Expertise financière : La Banque centrale européenne (BCE) travaille activement sur la création d’un euro numérique, un sujet qui soulève des inquiétudes auprès des établissements bancaires. Selon notre spécialiste en la matière, Guillaume Almeras, fondateur de Score Advisor, ce projet rencontre une résistance prononcée de la part des banques françaises et européennes.
La préoccupation des banques face à l’euro numérique
Un récent rapport de la Fédération bancaire française met en lumière les préoccupations du secteur bancaire. Ces dernières sont issues de la peur que la BCE puisse se positionner en tant que concurrente directe avec son projet d’euro numérique, également appelé « Cash+« . Ce dernier est envisagé comme une alternative numérique à l’argent liquide. En contradiction avec le rôle attendu d’une banque centrale, les banques craignent que la BCE ne capte une part significative des dépôts bancaires, impactant ainsi leur capacité à transformer ces dépôts en crédits.
Les assurances de la BCE à l’égard des banques
Face à ces inquiétudes, la BCE a fait certaines concessions en déclarant que les comptes de l’euro numérique ne seraient pas rémunérés et leur montant serait plafonné. Des chiffres ont été évoqués, allant jusqu’à 3 000 euros, une proposition jugée trop élevée par les banques françaises qui préconiseraient plutôt une limite de 100 euros. Toutefois, cela ne satisfait pas pleinement les banques qui se demandent quelles motivations réelles se cachent derrière la volonté de la BCE de gérer des comptes personnels.
Le dilemme technologique de la digitalisation
Remplacer le cash par une version numérique pose des défis technologiques de taille. Ceux-ci impliquent une disponibilité hors ligne, une continuité d’utilisation en cas de panne électrique, ainsi que le maintien de l’anonymat lors des transactions, ce dernier point menant à envisager des systèmes cryptés et décentralisés. Cette complexité nous pousse à questionner la nécessité de digitaliser entièrement notre monnaie, d’autant plus que certains pays défendent encore l’utilisation du liquide, à l’instar de la Banque centrale de Suède.
La concurrence des monnaies numériques privées
À l’origine de l’intérêt pour un euro numérique, la montée en puissance des cryptomonnaies et le projet Libra de Facebook (maintenant rebaptisé Diem) ont joué un rôle majeur. Malgré l’échec du projet Libra et l’absence de crypto-devises dominantes comme monnaies transactiOnnelles, le risque subsiste que des systèmes de règlement privés tels que Circle s’imposent face aux systèmes publics, remettant ainsi en question l’autorité traditionnelle des banques centrales.
Le futur incertain de l’euro numérique
La position actuelle de BCE semble peu favorable à la concrétisation de l’euro numérique. D’un côté, si elle se substitue aux banques, elle outrepasserait ses fonctions, et de l’autre, sans ajout de valeur substantiel, l’euro numérique n’aurait pas de raison d’exister. Le lancement du projet a déjà été retardé jusqu’au second semestre 2025, et bien que son avenir soit incertain, son abandon signalerait peut-être une ère inédite de cohabitation entre monnaies publiques et privées.
Malgré les obstacles, l’innovation financière continue d’élargir les horizons du secteur monétaire. Et qui sait, peut-être que dans cette nouvelle ère de monnaie digitale, les défis actuels mèneront à des solutions innovantes et bénéfiques pour tous.
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